Histoires de survie d'Ayléides dans le Val-boisé

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Auteur réel : Lawrence Schick
Média d'origine : TES Online

Par Cuinir du Pas des Nuées, Érudit du 4e rang des minuties tamriéliques


Ce rapport fut commandé par le comité du Thalmor pour les Relations entre Alliances, afin de déterminer s'il existait un avantage d'endoctrinement à mettre l'accent sur l'héritage ayléide présent chez nos cousins Elfes des bois. Mes voyages extensifs à Val-boisé m'ont permis d'établir les faits historiques derrière la question ; quant à savoir si ces faits permettraient une campagne utile à l'établissement d'une alliance, cela revient au Comité et au sapiarche de l'Endoctrinement.

Comme Pluribel du Crépuscule le remarquait dans son magistral « Effondrement des Ayléides », la faute de la Catastrophe d'or blanc en 1E 243 peut être attribuée à une demi-douzaine de facteurs catastrophiques, dont la sanglante insurrection des ouvriers humains n'est peut-être pas le plus important. Pluribel met l'accent, à juste titre il me semble, sur le schisme de Narfinsel dans la dernière partie de l'Ère méréthique, qui opposa les clans ayléides les plus conservateurs et fidèles aux Aedra contre les clans décadents mais vigoureux qui avaient entrepris d'adorer les Daedra. Ce conflit atteignit des sommets en 1E 198, lors de la Purge de Wendelbek, où le roi Glinferen d'Atatar mena une force combinée de guerriers Daedraphiles contre les Barsaebics traditionalistes de l'Ayléidoon. Les Barsaebics furent chassés vers le nord-ouest de l'Argonie, après quoi l'opposition organisée à l'adoration des Daedra eut disparu de Cyrodiil.

Quoi qu'il en soit, selon toutes les estimations, la civilisation ayléide déclinait depuis plusieurs générations quand la Tour d'Or blanc tomba devant la sauvagerie des Nèdes. Sur les ruines d'une grande culture elfique, les vainqueurs concoctèrent une justification pour le sang qui leur tachait les mains en décrivant les clans vaincus comme de cruels Daedraphiles qui se délectaient de tortures et de cruauté. Une exception fut faite pour les clans, principalement fidèles aux Aedra, qui s'étaient alliés aux hordes de la reine-esclave. Bien sûr, cela ne fit que retarder leur élimination, car les Nèdes barbares finirent par envahir leurs anciens alliés, une fois les autres Elfes de Cyrodiil massacrés.

Ainsi commença la diaspora ayléide, où les Elfes cherchèrent de nouveaux foyers en Tamriel, avec une réussite très inégale. Ceux qui fuirent vers le nord, dans les anciennes terres des Falmers, furent massacrés par les Nordiques de l'infâme Vrage le Boucher. Les Barsaebics, à cette époque bien installés en Argonie, refusèrent d'accueillir leurs anciens tortionnaires Atatarics, et la majeure partie de ce clan mourut lors d'une malheureuse expédition dans les terres des Hommes-chats. Plusieurs clans voulurent traverser Martelfell vers la Baie d'Iliaque, et certains y parvinrent, où ils furent absorbés par les Direnni de Balfiera.

Les clans qui connurent le plus de réussite, car il y en eut, furent les clans qui se réfugièrent au sud-ouest sous les arbres de Val-boisé. Les clans Anutwyll, Vilverin, Talwinque, Bawn et Varondo s'échappèrent presque sains et saufs pour s'imaginer une nouvelle vie sous les arbres. Ces clans adoraient tous des clans daedriques, mais ils semblent y avoir mis moins de ferveur après leur migration forcée vers Val-boisé, sans doute parce que ces princes, malgré les suppliques, n'avaient apporté aucune aide aux clans en péril. Heureusement leur nouveaux voisins, les Bosmers, étaient très généreux dans leur accueil, du moment que les nouveaux Elfes acceptaient d'adopter certains aspects du Pacte Vert et ne causaient aucun mal à la forêt. Au pied du mur, les Ayléides acceptèrent, et cela contribua sans doute à la dilution de leur culture.

Car elle fut diluée, absorbée au fil du temps, puis oubliée. J'ai parcouru les grandes ruines ayléides de Val-boisé (Hectahame, la chute des Rulanyil, Belarata, Laeloria et une dizaine d'autres) et moins de deux mille ans après l'exode, toutes étaient désertées. Pour quelque raison, une fois sous les grands Chênes de Graht, les Ayléides renoncèrent à leur culture.

Pour expliquer l'extinction des Ayléides de Val-boisé, mon prédécesseur Gelgarad le Velaspide appréciait beaucoup son « Théorème du Déshéritage, » selon qui les Ayléides de la forêt étaient devenus incapables de se reproduire entre eux, et ne pouvaient avoir de descendance qu'en s'alliant à des Bosmers. Cela expliquerait certes la disparition progressive des Ayléides, mais malheureusement, le théorème de Gelgarad n'est étayé que par de vieilles histoires et légendes, et l'on ne peut le prouver sans fait concret.

Il est utile de mentionner ici la théorie concurrente du docteur Thétis de l'académie d'Étincelance. Son explication fait reposer l'extinction des Ayléides sur une surconsommation des fortes boissons bosmers. Le docteur Thétis croit que les Ayléides, vulnérables dans leur chagrin et leur deuil, ont sombré dans les breuvages paralysants des Elfes des bois et ont baissé les bras. En cela, les Bosmers eux-mêmes auraient pu les encourager, eux qui semblent souvent s'offusquer des démonstrations industrieuses d'autrui.

Et qu'ont appris nos cousins auprès des Ayléides ? Peu de choses, apparemment, sinon quelques techniques de maçonnerie. La culture des premiers Elfes semble avoir laissé peu d'empreinte sur celle des Elfes des bois. Leur attitude est bien résumée par la phrase de Fonlor, le Yorethane de Faneracine, qui me répondit lorsque je lui parlai des Ayléides : « Les Ayléides ? Oh, oui. Sympas, ceux-là. Ils se prenaient un peu au sérieux, remarquez, et ça ne leur a pas rapporté grand-chose… »