Guide de poche de l'Empire, Seconde édition/Cyrodiil

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Texte de développeur
Auteur réel : Adanorcil
Date de publication : 2012




Enveloppe-infra B9-02 : Canal accordé.

La transmission continue. Le prochain extrait du Guide de Poche réputé hérétique est publié avec l'avertissement exprès que la Société ne peut pas se porter garante ni de son origine ni de son contenu. Là où nos confrères s'attendaient à trouver ce qu'ils pensaient être un panégyrique fortement censuré sur les accomplissement de la grande Cyrod, ils trouvèrent en réalité le texte suivant, qui semble entièrement externe au manuscrit provenant des archives Impériales. De fait, par des moyens inconnus, il semble avoir supplanté l'article original après sa date d'impression, ne laissant qu'un paragraphe d'introduction orphelin et quelques mots floutés. Bien que ses origines exactes demeureront probablement un mystère, la Société a décidé de disséminer son contenu ne serait-ce que pour fournir une lecture plus valable que la grandiloquence insipide qu'il a accidentellement (?) remplacé.

Pièce-jointe : PGE-tyg72k, clé=tamrlc_commun, contenu=manuscrit

FIN : 0

Le cœur des cieux et de la terre impériale : Cyrodiil


D
écrire Cyrodiil -le cœur radieux de l'Empire des Septims est de loin le plus étudié de tous les domaines de Tamriel- n'est pas tâche facile. Parmi le large éventail de sources, quiconque n'est pas un analyste pointu se retrouve facilement submergé par les récits de perturbateurs politiques, d'incapables ignares et par l'inévitable théoricien de la conspiration. Dans leur tentative de distiller un produit final fiable à partir d'une pléthore d'informations, les auteurs de ce livre ont prit en compte les recommandations du Conseil Impérial et de notre Majesté l'Impératrice Morihatha en adoptant le très acclamé Index Seluriel (ed. 3E 326) comme standard d'insertion dans le texte ci-dessous.

Si l'histoire de la province impériale continue de bénéficier d'une position de prédominance jamais égalée dans les écrits académiques, c'est peut être parce qu'elle a établit un point de départ si clair et si résolu que les chercheurs éclairés du comité reconnaissent que votre Majesté a exigé un droit de regard sur le document qui concerne sa personne au moment de son origine. Le comité émet un avis favorable à cette suggestion. Nos axiotectes en chef ont établis que votre estimée position pourrait toujours trouver un rapport de prudence avec sa circonfiguration de base dans le premier royaume de Cyrod. Toutes nos rares ressources ayant été consacrées à la préservation de l'entière bibliothèque de la cypher-phalène, nous espérons que la présence physique de Votre Majesté apporte au texte sus-mentionné quelques méthodes alternatives de réinsertions.

Puisque le comité suspecte le présent échange d'être le dernier, nous aimerions saisir l'occasion d'informer votre Majesté qu'un accord a été conclu concernant le remaniement arbitraire de inconnu en un modèle idiosyncratique conforme à l'intention originale. Le nombre 1008 a été élu à l'unanimité comme étant la proposition la plus adaptée dans l'espoir que ces connotations apaiseront le dieu esclave reconstruit. Dans le même ordre d'idée le comité a financé à titre privé un certain nombre d'expéditions de perçages de tunnels au-delà des murs du cosmos de l'Or Blanc. Le résultat de ces campagnes de sabotage, nous l'espérons, assurera la fin sans-douleur de notre ordre tandis que l'histoire de l'Empire se poursuivra.

A l'attention exclusive de sa Majesté: Archivoptera Metaterrenea #4859-QI3-001, identification : “Tffirfetrk-Ih-Rfir-Tt-T”. Aucun duplicata disponible. Le prisme porteur est restreint au niveau d'autorisation A1 ou supérieur.

Ça me peine de devoir vous dire cela si tôt. Vous n'en êtes qu'au début ; jeune et pleine de promesse au milieu des grandes machinations des cieux. Peut être aurais-je du vous parler dès le début, le jour n'est peut être qu'une légende pour vous, mais je me souviens encore de ce grand moment nouveau, plus nouveau que jamais auparavant, quand vous m'avez étiré parmi les étoiles et que le cosmos vous appartenait. Vous étiez belle comme seuls les rebelles peuvent l'être, et je n'ai jamais cessé depuis. Je ne pouvais pas envisager de voir le feu de votre espoir s'éteindre à l'époque.

Cependant il est temps que vous sachiez. La vérité est simple : je me meurs. Le monde de Nucyrod ne peut pas vous soutenir plus longtemps. Je vais plier sous mon propre poids avant qu'une autre génération ne termine sa vie dans une ignorance béate. En dépit de vos bonnes intentions, les enfants, vous m'avez bâtis sur de mauvaises fondations. Je suis condamné, mais j'ai l'intention de vous offrir des moyens de vous échapper. Je vais vous dire ce qui s'est passé afin que vous vous en souveniez. Je vais vous dire ce qui se passe pour que vous le compreniez. Je vais aussi vous dire ce qui doit être fait afin que vous bénéficiez d'une seconde chance.

Je sais que vous avez entendu les rumeurs et elles sont toutes exactes. Vous vous souvenez de ces histoires dans les coins sombres de vos esprits et des fables que vous racontez le soir. Ce sont des fictions, car c'est ainsi qu'elles furent introduites dans le nouvel ordre des choses, mais jadis -un concept que je comprend, vous pose soucis -, ce n'en étaient pas. Les Forts de Tempête de vos cousins légendaires, les hommes-de-braise de ce qui fut autrefois l'orient, les Bogdoms de Rgon, et beaucoup, beaucoup d'autres ; tous font partie d'une autre terre, autour et en face de moi. Parmi la myriade d'habitants de ce monde se trouvaient les premiers de votre dynastie, les hommes et femmes courageux d'All-Marugh. Ils se sont trouvé pris dans un violent accès de fièvre, la question d'un dieu monde inepte non-inspiré et répétitif. Leur réponse longuement étudiée nous parvint sous la forme de rites de théotomie à la fois brillants et désastreux, que je ne vais pas répéter ici, ne serait-ce que pour ne pas vous mettre une deuxième fois sur le mauvais chemin. Il suffit de mentionner qu'une fois leur répudiarche parti, les All-Marugh ont réarrangé leur royaume afin qu'il coïncide avec la grandeur retrouvée de l'homme. La carte a été étirée dans des directions impossibles, la ville devint pays, le pays devint monde et ainsi naquit Nucyrod.

Pendant longtemps, j'ai espéré être un tremplin pour vous. Nucyrod n'était pas un but en soi, c'était un simple reliquat du monde agité que vous aviez laissé derrière vous, un lieu de paix pour préparer votre effort final. Comment avez-vous pu oublier votre but aussi facilement ? Ne comprenez-vous pas ce qui se passe ? Vous ne pouvez pas vous éterniser ici pour toujours. Votre temps ici touche à sa fin car vous avez tué le temps. N'avez-vous pas vu les signes quand les feuilles ont prit la couleur d'une saison jusqu'alors inconnue ? Ne vous êtes vous pas demandé comment faisaient les rivières pour creuser des ravins en une seule nuit ? Comment les villages changeaient de place sur vos atlas ? Pourquoi avez-vous attendu que les blizzards vous contraignent à agir ?

Pardonnez-moi si je semble accusateur, mais maintenant à l'heure de la fin, mon cœur se serre pour ces foules de réfugiés fiévreux qui débarquent via les sas aux frontières de la mer de Rumare. Les Nuniben se rejoints sous le poids de leurs bidon-villes tandis qu'ils s'entassaient toujours plus serrés contre les coupoles des chronocieux sous lesquelles ils avaient cherché refuge. Les essaims de phalènes, elles aussi, avaient prédit le désastre depuis longtemps. Les sages et les honnêtes parmi vous comprennent cette migration de masse vers la capitale, convergeant vers les coupoles, comme s'ils essayaient de pénétrer quelque œil brillant dans le brouillard du monde extérieur. Ne vous trompez pas en pensant que vous ne pouvez pas voir leurs ouailles se mouvoir, changer de direction ou de couleur, ou de nombres sur un caprice, ou en appelant les noms de dieux disparus dans un recoins de votre champ de vision. Les plus abattus d'entre-vous se tournent vers les autels délabrés de saints à moitié oubliés : l'aire de prophéties de Saint Ellatosh, la barge d'Uriatosh le Passeur, ou l'arbre mort de Tosh-Qui-Pleut-Sur-Les-Lys, pour n'en citer que quelques uns.

Je me demande, si vous avez tous perdu contact avec le monde en dehors de votre refuge de plus en plus décati ? Vous avez envoyé les derniers émissaires de Nuniben, avec un appareil respiratoire et une carte des étoiles vers ce monde alien dans la neige. Vous appelez cela de la neige, comme si cette substance dégénérée était comparable à ce que vous pourrez rencontré depuis Jerallinopel jusqu'aux mines de vapeurs de Su-Banadher. Incolore et sans texture, intangible comme un souvenir de petite enfance, et impossible à fixer du regard, sa seule caractéristique est de ne pas appartenir. Ce matériaux, c'est l'usure du temps : plaques, sédiments, derniers affres d'une histoire en bout de course. Vos émissaires -ceux qui se souviennent encore de leur mission- reviendront dans un quart de lune mais fourniront que peu d'informations. Sans exception, ils auront tous inhalé les détritus du futur et du passé. Les quelques uns qui existent actuellement dans votre perception, parlerons, avec la précision et le sens de l'analyse qu'ils ont reçu pendant leur formation, dans des langages morts depuis longtemps ou pas encore nés. Vous déciderez de ne plus risquer de vie dans d'autres expéditions. La seule question qui subsiste maintenant est de savoir quand vous fermerez les portails.

Cependant, il y a encore des légions d'âmes infortunes dans les terres désolées en pleine désintégration. Je les contemples sur tous les territoires de Nucyrod, combattant pour demeurer sur un monde qui chaque jour présente une nuance de méconnaissable. Ils sont isolés et terrifiés, parfois les seuls survivants d'une cité qui a disparu pendant qu'ils regardaient ailleurs. Voyager est impossible car les destinations n'ont plus de sens. Là où les pistes de jungle sont traversées par des ponts et des relais vagabonds d'évènements, elles forment des boucles impossibles et le voyageur au pas vif se retrouve rapidement en vue de lui-même. Les voies aquatiques sont pareillement impraticables. Regardez n'importe quelle rivière, et vous verrez la même épave entrer, sortir, et ré-entrer dans votre champ de vision. La vie ici est à la fois enfiévrée et résignée. Les citoyens, si tenté qu'ils se risquent au-dehors la journée, s'enferment dans leur maison la nuit, scellant portes, fenêtres et fissures, de peur que la moindre parcelle ne parvienne à pénétrer leur moment de sommeil. Tous ont connu la terreur des nuits interminables, les enfants qui tentent de dormir pendant que leurs parents montent la garde à la lumière d'une bougie, essayant de ne pas entendre le cœur spectral à l'extérieur, le craquement statique, les titans, les vagues, les trains...

Nous n'avons plus de temps. Vous n'attendrez pas et ne pourrez pas attendre que tous soient rassemblés en sécurité. Un jour proche, les étoiles seront cachées, votre Impératrice au cœur lourd arrachera un clé de son bracelet et en enverra des copies à tous les portails de cornalines du Nunibennion. Vous subirez l'aveuglement de ceux qui ont été touchés par la conscience, détournant votre regard des masses abandonnées de l'autre côté du mur de brouillard. Pendant quelques temps vous vous considérerez en sécurité dans votre refuge, mais vous oubliez qu'il n'y a aucune possibilité de jours meilleurs. C'est ce qui reste de l'héritage des fiers All-Marugh-Esh, une légion d'hommes sous cloche, attendant la fin d'une tempête qui ne s'arrêtera jamais. C'est ce qui reste de Promesse : Une braise languissante dans le noir, et puis, le silence.