Devant les portes de Gidéon : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 10 juin 2021 à 14:38

Média d'origine : TES Online - Blackwood

Par Wud-Selas


En entendant plusieurs centaines d'Argoniens peu à peu succomber à la fureur du combat hors de la ville, le capitaine Fabia ne put s'empêche de se dire que les tribus étaient vraiment les plus à plaindre dans cette guerre. Après tout, ses soldats et elles étaient des intrus. Ils s'étaient installés là sans consulter les tribus locales, et avaient maintenant pris l'habitude de tuer des Argoniens pour des crimes aussi mineurs que chasser des animaux domestiques. Personne n'avait prévenu les Argoniens que ces bêtes de bétail appartenaient à quelqu'un ! C'était exactement à cause de ce genre de situation qu'elle avait causé cet esclandre au tribunal, la semaine passée. Ils avaient besoin d'un diplomate.

Elle s'assit dos au mur que ses troupes devaient défendre et se demanda, une fois de plus, comment elle avait pu se méprendre à ce point sur la description de son rôle. Elle voulait simplement protéger ses concitoyens, ou même régler quelques différends civils. Quel qu'ait été son raisonnement d'origine, Fabia savait qu'elle n'était pas devenue légionnaire dans l'espoir de se cacher un jour d'une horde d'Argoniens assoiffés de sang.

Ça avait commencé. Fabia entendait les Argoniens qui attaquaient, de l'autre côté de la ville. Les cris des soldats rebondissaient sur les hauts murs de pierre, tandis que les projectiles pleuvaient autour d'eux. Là où elle se trouvait, au-dessus des portes de Gidéon, le calme était glaçant. Accroupie pour rester derrière les remparts, Fabia remonta le rang de ses soldats. Elle leur posa une main sur l'épaule ou leur glissa un mot d'encouragement au passage. L'air qui leur parvenait était électrique. Tous les autres murs étaient assiégés, mais pour l'heure, rien n'avait bougé devant eux.

Pourtant, elle parcourait la ligne de ses troupes, apaisait les peurs des soldats tout juste rentrés dans les rangs comme des vétérans aguerris qui savaient très bien ce qui s'annonçait. C'est lorsque Fabia revint à sa place d'origine que Madarliz se pencha vers elle, les oreilles tremblantes, pour murmurer la question qui lui écrasait déjà l'esprit.

« Tu penses que ça suffira à les retenir ? »

Fabia pensa à la petite lampe suspendue sur un crochet, devant les portes. Personne ne la voyait depuis le parapet, mais c'était un véritable phare pour tous ceux qui se trouvaient dans le marais. Fabia avait trouvé la lampe dans la nature sauvage, où elle pensait que le territoire argonien commençait.

« J'espère. Sinon, nous serons vite dépassés. » Elle soupira et regarda vers le marais. Elle ne put retenir un sourire soulagé. Là-bas, dans le marais noir, reflétée par les étendues d'eau immobiles, elle vit une lampe impériale.

Fabia se leva et descendit du parapet. Elle hocha la tête pour saluer les civils, qui quittaient leur maison pour se grouper derrière le mur le plus calme de la ville, leurs affaires et leurs enfants serrés contre eux. Quelques soldats couraient à contresens de la foule paniquée, mais Fabia restait sur place. Elle se frayait un passage entre eux pour remonter la rue poussiéreuse. Et avant qu'on n'ait remarqué ce qu'elle faisait, elle ouvrit la porte en grand.