Contes perdus du célèbre explorateur : fragment I : Différence entre versions

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Version du 31 octobre 2018 à 14:22

Média d'origine : TES Online

Par Solis Aduro


- Ils ne sont que trois, protesta Maius. On m'en avait promis au moins neuf.

Trois, c'était à peine un groupe d'éclaireurs, et très loin d'être une expédition convenable. Tana l'interrompit en posant bruyamment ses pieds sur son bureau.

- J'ai fait de mon mieux, Matius. Tu n'as plus le prestige d'antan.

Il en était conscient, mais c'était la première fois qu'une de ses amies le lui disait en face. Il avait pourtant remarqué combien Tana était devenue froide envers lui depuis qu'il lui avait confié vouloir achever sa mission. Dix ans auparavant, il avait dirigé une expédition visant à cartographier correctement le marais noir. Les frontières de cette contrée étaient alors délimitées de façon satisfaisante, mais le cœur de ce pays demeurait largement inconnu et faisait l'objet de superstitions. Même les descriptions qui faisaient autorité dans l'Empire n'étaient qu'un ramassis de témoignages d'origine douteuse.

L'expédition fut considérée comme un échec. Plus elle avançait, plus elle perdait de membres, l'un après l'autre, soit par décès, soit par désertion. Tana fut la seule qui resta jusqu'au bout, mais elle contracta une fièvre délirante et fut à jamais incapable de se souvenir des derniers jours de son voyage.

Ainsi, Matius revint à l'université et fit la description de cités perdues et de cultures anciennes, mais il ne rencontra qu'un mur de scepticisme ; aucun témoin ne confirmait ses dires. Ses relations avec Tana s'en trouvèrent définitivement altérées. Le marais les avait transformés, tous les deux, et son souvenir les hanta pendant des années. Il avait espéré parvenir à se réconcilier avec elle pour y retourner, mais Tana avait refusé sans ambages. Plus jamais elle ne mettrait les pieds au marais noir. Elle lui offrit tout de même de rassembler une équipe ; Matius savait qu'il aurait de la chance que quelqu'un accepte de le suivre.

- Dis-moi au moins qu'ils ont du métier.

C'était son dernier espoir. Elle observa ses notes :

- Tu as de la veine, à condition de tolérer les Altmers. Il y a un mage de bataille, alors vous devriez vous en sortir. Elle s'appelle Salara. Jamais entendu parler d'elle.

Matius releva un sourcil. Il aurait dû se réjouir de disposer d'un compagnon d'une telle trempe, mais quelque chose allait de travers.

- Pourquoi une telle magicienne se joindrait-elle à moi ? - Va savoir. Elle n'est pas en service commandé, pour autant que je sache. Mes relations ne la connaissent pas non plus. Elle a peut-être ses propres motifs. Tu ne peux pas vraiment faire le difficile, tu sais.

Il acquiesça, décidant de tenir l'Elfe à l'œil.

- Et les autres ? - Riffen est un esclave en fuite. C'est un jeune Nordique, mais il est motivé. Tu sais à quel point c'est important. Avant que tu râles, sache qu'il sait lire et écrire et qu'il est capable de chasser et de fourrager. Après tout, il a dû se débrouiller tout seul pendant longtemps. Donne-lui sa chance.

Pas question de refuser une paire de bras de plus, et l'équipe serait si réduite que ce gamin ne pourrait pas les gêner. Mais, Matius n'aimait pas emmener un adolescent dans un voyage si périlleux.

- Et le troisième ? Pour l'instant, je n'ai pas de guide. On n'ira nulle part sans un Argonien prêt à nous guider. Tu en es consciente, j'espère ?

Il regretta aussitôt ses paroles, mais Tana les ignora.

- Branchies-rivière, annonça-t-elle. C'est un guide argonien expérimenté, comme tu le désirais. Et il n'y a qu'un inconvénient. - Un inconvénient ?, soupira l'explorateur. Tu lui as proposé la somme que je promettais ? - Évidemment. Laisse-moi donc finir… Le guide te conduira sur une partie du chemin. Puis, il te présentera à quelqu'un qui pourra te mener là où tu veux aller, en moitié moins de temps.

Une personne raisonnable n'aurait pas accepté ces conditions. Matius le savait. Mais, il se savait aussi coincé. Il avait attendu une décennie d'avoir l'opportunité de repartir, aussi mince soit-elle. Il avait entendu parler des tribus qui se cachaient dans les marais, réputées connaître des chemins qu'aucun autre ne pourrait distinguer. L'idée d'aller à leur rencontre lui donna du cœur au ventre.

- Alors, c'est d'accord, déclara-t-il. Merci, Tana.

Il se tourna pour partir, mais s'arrêta juste devant la porte.

- Il n'y a vraiment rien qui te décidera à venir avec moi ? Nous devrions y aller ensemble. - Comme tu le sais, tout l'or des mondes connus ne suffirait pas à me faire accepter un tel voyage. Pour ma part, j'aimerais pouvoir te convaincre de rester.