Amers voyages chez les nixades

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Média d'origine : TES Online

Par Zabia-ko


Le débarcadère d'Abah est semblable à la plupart des villes. Les pauvres et les idiots n'y font pas de vieux os. Heureusement, je ne suis pas idiot. J'ai longtemps étudié la ville, à la recherche d'un moyen de reconstruire ma fortune. Un marchand distrait et trop confiant serait parfait. Et moi, Zabia-ko, j'en ai trouvé un à la Société d'expédition des Denrées intactes.

À force de labeur, j'ai fait l'acquisition d'une charrette et d'un guar (baptisé Petit Barzag, pour son entêtement), acheté mon passage vers la Côte d'or et quelques caisses de produits exotiques à vendre. Je comptais bien tenir la promesse faite à mon père ! Je comptais rentrer au village de mon enfance, les poches grasses d'or, chargée de sacs de café et de sucrelune de Mistral, si connu pour son arrière-goût fruité.

Mais la tragédie m'a frappée sur la route entre Coeur-Enclume et Kvatch. Après avoir vendu une longueur de saucisson d'été au horqueur aux ouvriers d'un site de fouille, ils m'ont invitée à passer la nuit en bordure de leur campement.

Je ne dormais pas depuis longtemps lorsque le sol s'est mis à trembler. Sitôt après, des cris ont retenti. Les ouvriers se sont éparpillés dans toutes les directions, comme les souris dans une partie de J'en ai Pris Plein. Petit Barzag refusait de se réveiller, alors je me suis cachée.

C'est là que je les ai vues. De petites créatures, pas plus grandes que ma paume, portées par des ailes bourdonnantes. Tandis qu'elles chassaient un ouvrier hors de son couchage, l'homme a crié « Des nixades ! » avant de faire une mauvaise chute et de se casser la jambe. Les petites bêtes ont ricané et se sont moquées de ses gémissements de douleur.

Pas très loin, j'ai entendu des grognements aigus. J'ai vu une de ces bêtes serrant entre ses griffes une bourse d'or. Il semblait impossible qu'elle puisse voler en portant un tel poids, mais ses ailes battaient avec fureur pour emporter son butin. Une autre levait les bras bien haut, prête à happer un sac de sucrelune de Mistral. Il plongea tête la première, les jambes et les ailes encore hors du sac, avant d'en dévorer l'équivalent de son poids.

J'ai saisi le voleur par les jambes pour l'arracher au sac. Il m'a happé à la tête avec un gloussement mauvais. Puis il est reparti, laissant un sillage de sucre dernière lui. J'ai eu beau le poursuivre, il m'a semée dans l'obscurité. Pendant cette lutte, je n'ai pas vu les autres nixades plonger tête la première dans les sacs de sucrelune.

Le temps que je revienne, mes sacs étaient vides. Il ne restait que trois nixades mortes à l'intérieur, d'une surabondance de sucrelune. Même Petit Barzag avait filé. Une fois de plus, j'avais perdu toutes mes marchandises I Le délicieux sucrelune de Mistral... quelle tragédie, gâché sur de petites créatures crasseuses et grossières. Le café, lui, les avait laissées froides.

J'ai beaucoup appris, cette nuit-là. Pour commencer, si des nixades dévorent votre sucrelune de Mistral, faites-les rôtir. Leur viande sucrée laisse un arrière-goût fruité et pétillant sur la langue.

Ensuite lorsqu'on traverse des terres infestées de nixades, enveloppez vos sacs de sucrelune de café. L'odeur amère devrait les en chasser, et faciliter votre voyage.