Chroniques d'Éhtélar : Différence entre versions

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Lorsqu'elle entendait marmonner leurs jurons, Éhtélar éprouvait de la reconnaissance envers Rahad, son contact de confiance à [[Sentinelle]]. Le solide [[Rougegarde]] jouissait d'un sens pratique inébranlable, qu'il tenait de son enfance passée dans les landes désertes.
 
Lorsqu'elle entendait marmonner leurs jurons, Éhtélar éprouvait de la reconnaissance envers Rahad, son contact de confiance à [[Sentinelle]]. Le solide [[Rougegarde]] jouissait d'un sens pratique inébranlable, qu'il tenait de son enfance passée dans les landes désertes.
  
« habillez-vous légèrement, avait-il dit. En [[Alik'r]], une ample tunique en toile sera votre amie. Si vous portez autre chose, le soleil vous cuira aussi vite qu'une crevette [[dreugh]] dans une casserole de pêcheur. »
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« habillez-vous légèrement, avait-il dit. En [[Désert d'Alik'r|Alik'r]], une ample tunique en toile sera votre amie. Si vous portez autre chose, le soleil vous cuira aussi vite qu'une crevette [[dreugh]] dans une casserole de pêcheur. »
  
 
Elle avait suivi son conseil à la lettre, ne s'habillant que de vêtements en lin. Elle avait également investi dans une ceinture enchantée qui la gardait au frais malgré la chaleur ambiante oppressante.
 
Elle avait suivi son conseil à la lettre, ne s'habillant que de vêtements en lin. Elle avait également investi dans une ceinture enchantée qui la gardait au frais malgré la chaleur ambiante oppressante.

Version du 26 juin 2018 à 12:02

Média d'origine : TES Online

Par Anonyme


La caravane traçait sa route dans les landes creuses. Ses roues grinçaient dans les vents hurlants du désert.

Les mercenaires, couverts de chaînes et de lanières de cuir bouilli, maudissaient la chaleur étouffante du soleil implacable.

Lorsqu'elle entendait marmonner leurs jurons, Éhtélar éprouvait de la reconnaissance envers Rahad, son contact de confiance à Sentinelle. Le solide Rougegarde jouissait d'un sens pratique inébranlable, qu'il tenait de son enfance passée dans les landes désertes.

« habillez-vous légèrement, avait-il dit. En Alik'r, une ample tunique en toile sera votre amie. Si vous portez autre chose, le soleil vous cuira aussi vite qu'une crevette dreugh dans une casserole de pêcheur. »

Elle avait suivi son conseil à la lettre, ne s'habillant que de vêtements en lin. Elle avait également investi dans une ceinture enchantée qui la gardait au frais malgré la chaleur ambiante oppressante.

À un train de notable, la colonne de chariots passa la crête balayée par les vents, et s'arrêta pesamment.

Curieuse, Éhtélar descendit de sa monture. Pendant qu'elle remontait vers l'avant de la caravane, des marchands étonnés de cet arrêt soudain pointèrent leur tête hors des bâches qui protégeaient leur dos du soleil.

« Mon ami, dit Rahad alors qu'elle dépassait le chariot de tête, vos voyages vous ont mené vers bien des rives, mais dites-moi : Avez-vous déjà vu quelque chose de tel ? »

En parlant, elle fit un large geste pour montrer la vallée qu'ils dominaient. Là, au milieu de la roche brûlée et des pistes sinueuses, s'élevaient de hautes flèches d'albâtre, comme plantées dans le sable, à perte de vue.

« Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, reprenant son calme.

J'espérais que vous pourriez me le dire, répondit-il. Normalement, il n'y a rien d'autre dans dans ce défilé que des dunes de sables, sur des kilomètres. Qui sait depuis combien de temps elles sont enterrées là ? »

Sentant une opportunité de réaliser un profit, Éhtéllar insista pour qu'ils campent dans ces ruines pour la nuit. Les mercenaires, heureux de ce répit contre le soleil de midi, ne se firent pas prier pour faire une pause dans leur marche éreintante.

La nuit tomba, et ils firent ribote jusqu'au premières heures du matin. S'il y avait quelque chose de fâcheux dans les ruines qui les entouraient, cela passa inaperçu dans le vacarme.

L'aube trouva Éhtélar et son compagnon en train de choisir un chemin au milieu des ruines, à la recherche d'une entrée. Il était presque midi quand ils en trouvèrent enfin une.

« Ici ! » s'écria Rahad, dissimulant avec peine son excitation sous le timbre grave de sa voix, « j'ai trouvé un passage ! »

Éhtélar accourut pour rejoindre son ami et voir ce qu'il avait trouvé. Au détour d'un coude dans la roche, une terrible vision l'arrêta net.

Rahad était suspendu, sans vie, sur une grande lance qui sortait d'une crevasse. Son fourreau était vide, et l'épée qu'il contenait d'habitude était plantée dans une dune.

Elle resta plantée là, la bouche bée d'horreur, alors que Rahad fut soulevé dans les airs. Une énorme tête écaillée émergea d'une pile de sable, à côté de l'entrée des ruines. Dans un mouvement fluide, la créature changea de position, jetant Rahad de côté avant de commencer à nettoyer le sang sur son arme.

Éhtélar secoua la tête ; elle n'en croyait pas ses yeux. Elle pensa à appeler à l'aide, mais elle réalisa que cette créature la tuerait probablement avant qu'elle ne finisse de prononcer un mot. Lentement, précautionneusement, elle fit un pas en arrière, puis un autre. Pendant un instant, il sembla qu'elle pourrait s'échapper, mais à son troisième pas, la créature se retourna.

Alors qu'elle esquivait un coup de lance, Éhtélar fut assourdie par l'éclat soudain d'une musique stridente. Se plaquant les mains sur les oreilles pour s'en protéger, elle tituba en arrière alors que son adversaire se déroulait devant elle.

Se dressant, dilatant son thorax jusqu'à presque doubler de taille, la voix multitonale de la créature entonna un chœur avec elle-même. Son harmonique stridente résonnait dans le sable, qui se mis à tomber autour des ruines en véritables averses. Sous elle, la pierre bougea puis céda, la précipitant vers son ennemi.

Au passage, elle réussit à s'emparer de l'épée de Rahad qui était enfoncée dans le sable. Se retrouvant brusquement à portée de coup, elle enfonca l'épée dans la gueule noire du monstre. Alors que l'acier s'enfonçait dans ce crâne, le terrible crescendo de la voix commença à faiblir.

À ce moment-là, son adversaire réalisa une vérité simple : Il n'avait plus faim de chair et de sang. Il ne voulait plus rien, en fait. « c'est merveilleux ! » pensa-t-il alors que le sol se précipitait à sa rencontre. Si sa morphologie reptilienne le lui avait permis, il en aurait souri.

Alors que la lamie tombait en tournoyant, sa lance barbée se planta dans le mollet d'Éhtélar. Elle perdit l'équilibre en sentant la glaciale morsure de l'acier dans sa jambe. Pendant un instant, elle pensa pouvoir se rétablir, mais la pierre sur laquelle elle se tenait céda brusquement.

Elle tomba dans le noir, portée par un nuage de sable qui survola les pierres saillantes et les tours crénelées qu'on devinait dans l'ombre, en contrebas.

Alors que le ciel brillant du désert l'abandonnait, elle se retrouva baignée d'une lumière scintillante. Un champ d'étoiles étincelait autour d'elle –non, pas des étoiles, puisqu'elles étaient loin sous terre. C'étaient les cristaux d'Ayleïdon.

Elle tomba pendant ce qui lui parut être des jours, « Si seulement je pouvais m'emparer d'une de ces minuscules étoiles, pensa-t-elle en tendant les mains vers elles, je pourrais devenir aussi éthérées qu'elles, et quitter ce monde. »

Un murmure venait d'en-dessous, qui se changeait en bruissement de vent. En regardant vers le bas, elle vit que le champ d'étoile semblait s'arrêter net…et cette limite se précipitait vers elle, dans la nuit.


Éhtélar se réveilla dans la pénombre… de fines rigoles de sable coulaient sur ses sourcils. Le souvenir du bref combat dans les ruines, juste au-dessus, lui revint brusquement à l'esprit.

Rahad, le marchand rougegarde qui l'accompagnait dans le désert, était mort, pris par surprise. Son épée, elle, était enfoncée dans le crâne de la créature qui l'avait tué.

Elle se souvint du bruit écœurant du métal contre l'os, de l'horrible vibration dans son bras alors que la lame se frayait son chemin en raclant. Puis le sol s'était ouvert, dévorant tout son monde et la laissant chuter dans un vide abyssal.

Pendant combien de temps était-elle tombée ? quelle distance avait-elle parcouru ? Du sable, puis des étoiles avaient accompagné sa chute, avant qu'une pénombre plus profonde ne l'avale… mais elle ne souvenait pas avoir touché le sol.

Dans le noir complet, elle tâtonna autour d'elle pour découvrir ce qu'elle pouvait de son entourage. Ses bras étaient libres, mais ses jambes étaient de plomb sous le sable qui les recouvrait. Elle se mis immédiatement à creuser pour pouvoir sortir.

Pendant qu'elle œuvrait à cette tâche, l'odeur métallique du sang vint à ses narines. En palpant sa jambe, elle sentit le raclement humide et chaud qui ne pouvait provenir que du sable pris dans le sang coagulé.

Jurant tout bas, elle défit sa ceinture et la serra autour de son mollet, juste au-dessus de sa blessure. Tâtonnant dans le noir, elle déchira plusieurs bandes de tissu de sa tunique et les serra fort autour de sa jambe blessée.

Si cela tenait, elle aurait fait arrêter le sang de couler, mais elle n'avait pas de potion pour empêcher l'infection. Il lui faudrait trouver très vite un moyen de rejoindre sa caravane.

Toujours aveugle dans l'ombre sans fin qui l'entourait, elle extirpa son autre jambe et fouilla son sac pour trouver le jeton que Rahad lui avait donné.

« Dans les landes, les nuits sont plus profondes que le ventre de Satakal, avait-il dit. Si vous vous perdez, priez le Haut père. Il vous montrera le chemin. »

Ses doigts se refermèrent sur la minuscule pièce. La retirant de sa cachette, elle ferma les yeux et murmura « Ruptga ». Ses paupières se plissèrent sous l'effet de la lumière soudaine. Elle rouvrit les yeux pour observer la caverne qui s'étendait devant elle.

Des fragments de gros blocs de pierre qui avaient éclaté dans leur chute gisaient tout autour d'elle. Plus loin, d'énormes colonnes s'élevaient dans la nuit, faisant de longues ombres dans le noir.

Lorsqu'elle regarda en l'air, son cœur s'arrêta un instant de battre. La gueule et les yeux brillants de la lamie la fixaient dans la pénombre. Même si la créature était immobile, et que l'épée de Rahad était toujours plantée dans son crâne, Éhtélar eut du mal à détourner son regard.

Toujours sous le coup de ce choc, et repris son exploration et trouva plusieurs lances barbées éparpillées sur le sable. Elle s'empara d'une lance, agrippa son sac, et glissa au bas de la dune.

Ses bottes rencontrèrent de la pierre et elle appuya sa lance contre l'un des piliers. S'en servant pour garder l'équilibre, elle se redressa.

Elle attendit un instant avant de tenter de s'appuyer sur sa jambe blessée. Lorsqu'elle fut sûre que celle-ci ne la trahirait pas, elle repris son sac, s'épousseta, et s'enfonça dans la nuit.

Dans ce grand silence, étouffé par la vaste étendue de néant qui l'entourait, son passage ne fut marqué que par le staccato de l'acier sur la pierre.