La dernière leçon

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
Aller à : navigation, rechercher
Magnify-clip.png Pour ce texte, des commentaires apparaissent au passage du curseur sur les parties de texte soulignées.
Auteur réel : Ted Peterson
Média d'origine : Morrowind
Commentaire : La version française de ce livre contient quelques erreurs par rapport à la version originale

Par Aegrothius Goth


" Il est temps pour vous de cesser d'être mes apprentis, dit le grand sage à ses deux élèves, Taksim et Vonguldak.

- Déjà ? s'étonna le second, car leur formation n'avait commencé que depuis quelques années. Sommes-nous donc de si piètres élèves ?

- Nous avons énormément appris à votre contact, maître, mais n'avez-vous rien d'autre à nous enseigner ? demanda Taksim. Vous nous avez narré de nombreux récits de grands enchanteurs du passé. Ne pouvons-nous continuer d'apprendre jusqu'à avoir atteint ne serait-ce qu'une fraction de leur pouvoir ?

- Il me reste une histoire à vous raconter, répondit le grand sage dans un sourire :

" Il y a de nombreux milliers d'années, bien avant la dynastie Réman et encore plus avant la dynastie Septim, alors qu'il n'existait pas de guilde des Mages, que la province appelée Morrowind était connue sous le nom de Resdanynia, tandis qu'Elsweyr s'appelait Anéquina et Pellitine, et que les seules lois écrites étaient les doctrines alessiennes de Marukh, vivait un enchanteur hermétique du nom de Dalak, qui avait deux apprentis appelés Uthrac et Loreth.

Ces derniers étaient d'excellents élèves, toujours assidus, et leur maître était très fier d'eux. Ils excellaient dans les arts du chaudron, du miroir, de la convocation des esprits dans le monde des mortels et dans le tissage de l'air et du feu. Dalak les aimait tous les deux et ils le lui rendaient bien.

Par un beau jour de printemps, Dalak reçut un message d'un autre enchanteur nommé Péothil, qui vivait au plus profond des forêts du domaine colovien. Car souvenez-vous que lors de l'ère Première, les mages pratiquaient leur art solitairement, les seuls à être organisés, étant les Psijiques de l'île d'Artaeum. Loin de cette île, les mages se fréquentaient rarement et communiquaient encore moins entre eux. C'est pourquoi Dalak accorda toute son attention à la lettre de Péothil.

Très âgé, Péothil se retrouvait menacé par la Réforme alessienne. Il craignait pour sa vie, les prêtres fanatiques et leurs guerriers se trouvant non loin. Dalak accepta de lui envoyer ses élèves.

" La route sera longue et périlleuse jusqu'au domaine colovien, leur expliqua-t-il, et, même moi, j'aurais hésité à accomplir ce voyage dans ma jeunesse. Je tremble à l'idée de vous envoyer chez Péothil, mais c'est un enchanteur aussi puissant que bienveillant. Sa lumière doit pouvoir continuer à briller au coeur du continent pour que nous survivions à cet âge de ténèbres. "

Uthrac et Loreth supplièrent leur maître de revenir sur sa décision. Ils ne craignaient pas les prêtres de la Réforme alessienne, mais leur mentor était âgé et ne pourrait pas se défendre si, à son tour, il venait à être menacé. Finalement, Dalak accepta que l'un d'eux reste à ses côté, tandis que l'autre se rendrait seul à la grotte de Péothil. Il leur laissa décider qui partirait et qui resterait.

Les deux garçons commencèrent par discuter calmement, puis se disputèrent sans parvenir à un accord, et décidèrent finalement de laisser le destin trancher. Ils tirèrent à la courte paille et Loreth perdit. Il partit tôt le lendemain matin, malheureux et terrifié.

Pendant un mois et un jour, il marcha dans les forêts du domaine colovien. Grâce à sa ruse, à la chance et à l'aide de quelques paysans, il parvint à échapper au cercle de la Réforme alessienne, qui se refermait sans cesse sur la région. Pour ce faire, il dut franchir des cols de montagne non indiqués sur les cartes et traverser des marécages inconnus. Quand enfin il arriva enfin aux cavernes parmi lesquelles Dalak lui avait dit qu'il trouverait celle de Péothil, il lui fallut encore de longues heures pour la localiser.

L'endroit semblait désert. Loreth fouilla de fond en comble le laboratoire regorgeant de tomes anciens, de chaudrons et de tubes de verre, de plantes maintenues en vie par d'étranges auras magiques et de surprenants liquides ou gaz emprisonnés dans des membranes transparentes. Enfin, il trouva Péothil ou du moins le pensa-t-il, car la dépouille desséchée qui gisait sur le sol n'avait plus rien d'humain.

Voyant qu'il ne pouvait rien faire pour le mage, Loreth décida de repartir sans attendre pour aller retrouver Dalak et son ami Uthrac. Mais les armées de la Réforme avaient resserré leur étau et, après leur avoir échappé de justesse à plusieurs reprises, il comprit qu'il était pris au piège. Il ne lui restait qu'une seule et unique voie de repli, celle qui ramenait à la grotte de Péothil.

La première priorité consistait à trouver le moyen d'empêcher l'armée de découvrir le laboratoire. Il s'aperçut rapidement que c'était ce que Péothil lui-même avait cherché à faire mais, la version originale affirme précisément l'inversepar une erreur que l'apprenti était bien incapable d'identifier, le vieil enchanteur avait juste réussi à causer sa propre perte. Appliquant avec succès l'enseignement de Dalak, Loreth cacha si bien le laboratoire que les prêtres de la Réforme ne le trouvèrent jamais.

De nombreuses saisons s'écoulèrent. Lors de la 480e année de l'ère Première, le grand Aiden Direnni remporta un nombre important de batailles contre la horde alessienne et des voies qui étaient longtemps restées fermées furent de nouveau ouvertes. Loreth, qui n'était plus jeune, put finalement retourner chez Dalak.

Lorsqu'il arriva enfin, il vit dans les arbres alentour, des chandelles allumées en signe de deuil. Avant même qu'Uthrac ne lui ouvre, il sut que Dalak venait de mourir.

Il a rendu l'âme il y a quelques mois à peine, lui expliqua Uthrac après l'avoir serré dans ses bras. Il me parlait de toi chaque jour. Il savait que tu étais encore en vie et ne cessait de répéter que tu finirais par revenir.

Les deux hommes grisonnants s'assirent devant le feu et se remémorèrent le bon vieux temps mais, ce faisant, ils découvrirent combien ils avaient changé. Ils n'avaient désormais plus rien de commun. Uthrac désirait seulement poursuivre l'oeuvre du maître, tandis que Loreth ne cessait de lui décrire ce qu'il avait connu. Ils se quittèrent en secouant la tête, sachant qu'ils ne se reverraient jamais.

Au cours des années qui suivirent, avant d'aller rejoindre leur maître Dalak, tous deux réalisèrent leurs souhaits. Uthrac devint un enchanteur respecté, bien que de faible puissance, au service du clan Direnni.

Quant à Loreth, il se servit de ce qu'il avait appris tout seul pour créer Balac-thurm, le Bâton du Chaos. "

***

" Mes garçons, la leçon à retenir de cette histoire est qu'il convient d'éviter les erreurs qui ont causé la perte d'enchanteurs tels que Péothil, lesquels n'avaient jamais bénéficié de l'enseignement de quiconque. Et pourtant, ce n'est qu'en découvrant soi-même toutes les possibilités imaginables que l'on peut espérer rejoindre les grands hommes de l'histoire. "